Depuis la découverte de la fabrication du verre, diverses méthodes de décoration ont évolué à travers les siècles, offrant une grande variété qui peut être combinée. La peinture sur verre est une technique décorative qui altère l'apparence du verre en lui donnant une texture translucide ou opaque, et englobe les peintures nécessitant une cuisson à haute température telles que la grisaille ou l'émail. L'émail et la grisaille sont largement utilisées dans mes créations, la peinture sur verre me permettant de confectionner une grande partie des décorations sur les appliques murales en verre.
L'émail
Les émaux sont fabriqués à partir d'un verre coloré réduit en fine poudre.
Les composants de l'émail sont similaires à ceux du verre :
l'oxyde formateur (silice, borax),
le fondant (oxyde de plomb, soude, potasse, lithium),
le stabilisant (oxyde de calcium, baryum, alumine)
le pigment (oxydes métalliques).
Le verre coloré utilisé contient peu de silice pour abaisser son point de fusion, ce qui permet d'obtenir un verre fusible à basse température.
Dépendant de l'émail recherché, un ou deux composants sont sélectionnés dans chaque catégorie. À haute température, les oxydes métalliques réagissent avec la masse vitreuse, révélant ainsi leur teinte.
Le verre teinté ainsi produit est ensuite finement broyé pour obtenir une poudre fine et offrant différentes couleurs qui sera ensuite utilisée pour la coloration et la création de décors.
La grisaille
la grisaille est une teinte vitrifiable constituée d'un fondant et d'un pigment.
Le fondant
c'est un verre fusible qui fond lors de la cuisson des pièces de verre peintes, composé d'un mélange d'oxyde métallique incolore et de silice porté à son point de fusion pour fabriquer du verre. Il est fabriqué avec 75% d'oxyde de plomb et 25% de silice. Le verre en fusion obtenu est déposé dans de l'eau froide où il éclate en petits morceaux, qui sont ensuite broyés pour obtenir une fine poudre.
Le pigment
c'est un oxyde métallique qui donne sa couleur à la grisaille. Ces oxydes métalliques sont calcinés à des températures élevées allant de 630° à 1200°C en fonction des composants et des couleurs souhaitées. Pour obtenir certaines couleurs ou stabiliser certains oxydes, il est possible de les mélanger entre eux. Ainsi, la grisaille est obtenue à froid par le mélange et le broyage d'un fondant et d'un pigment, se présentant sous forme de poudre de différentes couleurs.
Application de la peinture sur verre
L'émail :
Cette substance restant fragile, on utilise majoritairement de l'eau pour la diluer avant son application. (Pour avoir testé une dilution au vinaigre, effectivement ce n'était pas une réussite...) Sa cuisson s'effectue généralement entre 520° et 580°.
La grisaille :
Elle doit être mélangée à un liant et à un diluant pour obtenir la consistance adéquate selon l'utilisation attendue.
le diluant est un solvant ou mélange de solvants permettant d’obtenir la fluidité nécessaire pour l'application de la peinture. (eau, vinaigre, essence de térébenthine, lait..)
Le liant est un produit liquide qui permet au mélange grisaille + diluant d'adhérer au verre lorsque la peinture sèche. ( ex : gomme arabique, miel, sucre glace.. ).
Elle commence à cuire à 600°, et peut subir des températures plus élevées.
Dans un cas comme dans l'autre, la peinture sur verre se présente sous forme de poudre colorée
Le mix des deux techniques
Dans les deux cas, le travail de peinture sur verre s'effectue sur une table lumineuse afin de pouvoir évaluer au mieux la transparence et l'effet obtenu.
Différentes sortes de pinceaux existent et sont utilisés selon le résultat désiré, effilé, plat, plus ou moins large, rectangle, … Pour ma part, j'utilise aussi beaucoup la plume, outil intéressant pour son rendu et permettant d'obtenir un graphisme différent du pinceau, et un trait plus fin.
La difficulté de mélanger les deux techniques de peinture réside dans leur température de cuisson respective. L'une cuisant à partir de 600°, l'autre n'appréciant pas une température au-delà des 580°, il faut réfléchir au préalable l'ordre dans lequel les couleurs seront apposés; en prenant en compte que mes appliques murales sont mises en forme incurvée par thermoformage et que cette technique nécessite d'atteindre une température de 680° pour que le verre se déforme correctement et prenne bien la forme désirée.
Il est donc crucial pour le bon rendu du décor d'effectuer plusieurs cuissons, généralement en commençant par la technique nécessitant la température la plus élevée puis de continuer vers celles qui nécessites la température la plus faible.
L'exemple le plus simple concerne les appliques murales décorées de l'Arbre Danseuse.
La première étape est la peinture de l'arbre en lui-même, réalisé à la grisaille noire.
J'effectue dans le même temps la cuisson de la grisaille et la mise en forme incurvée à une température de 680°.
Après cuisson et refroidissement, j'applique l'émail rouge pour le feuillage qui sera cuit à 550° lors de la seconde cuisson.
La cuisson s'effectue dans des fours spécialement conçus avec des matériaux réfractaires
pour pouvoir atteindre des températures très élevées.
Je travaille avec deux fours de marques différentes, l'un pouvant atteindre les 1300° et l'autre les 1000°.
Je n'atteins jamais ces températures maximales dans le cadre de mon travail, je n'ai jamais excédé les 820°, utile dans le cadre de fusion pour mes appliques murales au décor en relief.
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